Voici une version épurée du message que j’ai envoyé à mes proches cette automne… Mon coming out poly 💕
La seconde partie sera publiée la semaine prochaine.
Chronique n°38 ⋅ Partie 1/2
Déclaration d’amours
Mon coming out poly
Maman, Papa, Sœurette, ma chère Michka, mon cher Pacha…
Je vous écris enfin, après 5 ans, car je n’y arrive pas à l’oral, que les occasions ratées où j’ai eu envie de vous en parler se sont multipliées…
… et que je me sens enfin prêt à tout vous expliquer et à assumer mes choix.
Ce n’est rien de grave, je suis polymaoureux.
Je vis des relations affectives et maoureuses multiples et simultanées où tout le monde est d’accord pour cela, où tout le monde a la même liberté, où on essaye de prendre soin les un⋅e⋅s des autres, et où on en parle beaucoup.
Je vous l’écris enfin aux environs de la date anniversaire de ma séparation avec Sacha, parce que je n’ai plus envie de le cacher à celles et ceux que j’aime.
On a été polymaoureux ensemble pendant environ 5 ans.
Ça a commencé par des lectures, des questions sur notre relation, et on était d’accord tous les deux pour explorer et ouvrir notre couple.
Après une période très exigeante l’un⋅e pour l’autre, cette ouverture nous a paradoxalement rapprochés, notre lien s’est renforcé avec la liberté que l’on s’est donnée.
Nos autres rencontres et relations affectives nous on fait grandir, changer, nous ont épanoui⋅e⋅s, parfois marqué⋅e⋅s, même si parfois c’était effrayant et difficile de laisser l’autre partir, puis revenir. J’aimais profondément Sacha en même temps.
Sacha et moi, nous nous sommes séparés pour tout autre chose. Dans tout ce que j’ai remis en cause après cette séparation, et la fin de toute notre vie d’adulte ensemble, le polymaour, je l’ai gardé. Et j’en fais même une BD.
Je ne suis pas le seul à vivre ça, ce type de relations se démocratise. En ce moment dans ma vie il y a de nombreu⋅se⋅s ami⋅e⋅s qui le savent, et des relations légères et naissantes après l’effondrement de l’année dernière.
Peut-être que je vivrai de nouveau en couple exclusif dans quelques années, mais si ça arrive ce sera un véritable choix conscient, pas une norme auquel je me conforme sans y avoir réfléchi.
J’avais peur de vous dire tout cela parce que cela peut paraître assez opposé à l’éducation chrétienne que vous m’avez donné. Et que j’ai un peu peur aussi du jugement psy…
Pourtant, même si je ne crois plus en Dieu depuis mon adolescence, et plus tellement en Freud non plus à part pour le pouvoir de la parole, j’ai gardé les valeurs profondes que vous m’avez transmis : l’amour, le pardon, le don, la tolérance, l’écoute, la gentillesse… et j’en suis fier. J’y ai ajouté mes propres valeurs : la créativité, la tendresse, l’écologie, l’antisexisme…
Je crois aujourd’hui que l’on peut aimer plusieurs personnes en même temps, comme on a plusieurs ami⋅e⋅s, et que l’amour ne se divise pas mais se multiplie.
Le temps et l’espace restent limités par contre, et il faut apprendre à le partager.
Et je ne pense pas que les relations non-monogames soient meilleurs que les relations monogames que vous pouvez vivre, que je trouve très belles aussi, c’est simplement différent.