La violence change de camp dans cette deuxième partie… 😿
Chronique n°48 ⋅ Partie 2
Jouer leur jeu
Chroniques de la guerre des sexes
C’était la fin des années 80, le début des années 90 : le terme de genre n’existait pas encore pour moi, je ne le différenciais pas de mon sexe.
J’ai survécu à l’école en préférant la compagnie féminine, et en passant mes récrés avec ma meilleure amie, dont j’étais amoureux.
Cela a fondé une croyance profonde en moi, que je n’ai réussi à comprendre que récemment en thérapie : « J’ai besoin d'(au moins) une relation amoureuse et intime pour me protéger et pour survivre dans ce monde hostile ».
Donc aussi une profonde peur de l’abandon…
C’est à la fin de la primaire, quand un plus petit que moi à commencer à me harceler, que je me suis battu pour la première fois, et que j’ai gagné.
Je lui ai fait mal. Il a arrêté.
J’ai alors enfin compris comment sortir du harcèlement : en me conformant au stéréotype masculin, en les battant à leur propre jeu.
Au début du collège, pendant quelques mois, je me suis battu systématiquement pour que cela cesse.
Je ne voulais surtout pas que ça recommence encore des années.
Et ça a marché.
C’était à l’opposé de mes valeurs, mais je suis sorti du harcèlement en répondant à la violence par la violence.
Et pendant plus de 20 ans, je n’en ai plus parlé à personne, même pas à moi-même.
Mais je ne m’identifiais pas à mes harceleurs. Je m’entourais toujours d’amies féminines.
J’ai donc été socialisé surtout comme une femme, et j’avais le droit de montrer mes émotions.
Pour celles qui m’entouraient, j’étais le gentil garçon et l’ami, mais pas vraiment le genre opposé désirable.
Je n’étais pas une fille, mais je n’avais rien à voir avec ces garçons non plus.
Je ne m’identifiais pas vraiment à l’un⋅e ni à l’autre.
C’est très longtemps après que j’ai rencontré le mot « non-binaire ».
